L’HISTOIRE DE LA PESTE EN EUROPE AU REGARD DE LA PANDEMIE DE COVID19

The history of the plague in Europe in the light of the Covid19 pandemic

Authors

DOI:

https://doi.org/10.18817/brathair.v20i2.2547

Keywords:

Peste, Europe Macabre, Antijudaisme, Zoonose, Contagion Démographie

Abstract

La pandémie de Covid 19 à partir de janvier 2020 - depuis la Chine vers le reste de l’Asie, puis l’Europe et l’Afrique, et enfin les deux Amériques -, n’est pas sans rappeler des épidémies du passé, souvent bien plus meurtrières encore, en premier lieu celles de la peste (qui emporta le tiers de la population européenne en 1348). Trois épidémies de peste ont frappé l’Europe à travers l’histoire : la Peste de Justinien (541-770), la Peste Noire (1348-1352, suivie de nombreuses récidives jusqu’en 1720) et la peste de Chine (qui n’a touché en fait que les ports européens et américains, entre 1850 et 1940). La peste, par ses agressions ou ses retraits, a une valeur systémique pour le « long Moyen Âge » qui commence dans l’Antiquité tardive et se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle : par ses assauts répétés tout au long de cette période, mais aussi par ses retraits comme entre l’époque de  Charlemagne et le XIVe siècle ; cet âge « sans peste »  correspond à la phase du plus grand essor des campagnes médiévales. Au contraire, quand la peste est de retour entre le XIVe et le XVIIe siècle, elle est un des facteurs décisifs d’une longue stagnation démographique. Jamais la cause véritable de la peste (qu’on attribuait à la corruption de l’air ou à un châtiment de Dieu)  n’a été reconnue tout au long de ces siècles. Pourtant on observe dès la fin du Moyen Âge une progression des conceptions « contagionistes » et non-officielles qui anticipent sur la découverte du bacille de la peste par Alexandre Yersin en 1894, en même temps que du rôle des puces et des rats. La peste a suscité des comportements de toutes natures, qui évoquent parfois les mesures prises aujourd’hui pour freiner ou empêcher la progression de l’épidémie (par exemple la quarantaine). Elle a nourri de nouveaux élans de piété et aussi la recherche de boucs-émissaires dont les communautés juives furent les premières victimes. Sur le plan culturel, elle suscita de brillants témoignages littéraires (tel le Decameron de Giovanni Boccacio), mais on ne peut pas lui attribuer la naissance de l’art macabre, car celui-ci lui est antérieur.

Published

2021-04-23

Issue

Section

Dossiê 2020.2 - As doênças têm História/The diseases have History